La Psychanalyse combien de divisions ?
Sans doute un nombre infini, peut-être même quasiment autant que de psychanalystes. Si cette tendance séparatiste est sans doute au fondement de la psychanalyse, cet émiettement de ce courant de pensées ne participe-t-il pas à sa perte de crédit ? N’est-ce pas le temps du rassemblement plutôt que des guerres intestines ?
Il est vrai que la psychanalyse depuis sa création par S. Freud a fait l’objet de moult scissions. Cela a commencé avec A. Adler, puis K.G. Jung, F. Ferenkzy, du temps de son fondateur, puis cela s’est amplifié avec ses successeurs, W. Reich, J. Lacan. Et, en France tout particulièrement les Lacaniens se sont eux-mêmes subdivisés en différents groupes souvent fratricides.
Toutes ses divisions ont été animé par l’idée de faire avancer le corpus théorique et pratique de la psychanalyse, en fonction de la clinique de chaque nouveau chef de file. Dès lors, au-delà des égos de ceux-ci, chacun se sont arcboutés sur la pertinence de leur contributions à la psychanalyse, pour séduire ou convaincre une ou plusieurs cohortes de disciples, pour faire école, voire courant de la psychanalyse. Mais aujourd’hui plus les subdivisions récurrentes s’originent des premiers grands clivages moins il y a de points communs entre les psychanalystes.
Ainsi, qu’est-ce qu’il y a de commun entre un psychanalyste jungien et un psychanalyste lacanien de l’ECF* ? A l’évidence : on trouverait très peu de choses, et souvent pas même le respect du point de vue de l’autre.
Pour ma part, animé par une conviction forte que : « l’on ne construit rien de durable dans le rejet de l’autre », je n’ai eu de cesse dans mon parcours de praticien de vouloir rassembler les psys notamment depuis que j’ai mobilisé les psys, après le vote en catimini de l’Amendement Accoyer le 6 octobre 2003. La bataille que nous avons gagné en faisant invalidé cet Amendement, pour le remplacer par l’Article 52, a eu pour principale victoire très inattendue de faire cesser la guerre entre les psychanalystes et les psychothérapeutes. Outre que face à un ennemi commun : le législateur liberticide, ceux-ci ont furent condamnés à s’entendre, il me semble que le point inaugural de cette trêve est à fixer, le 17 décembre 2003, le jour où l’exécuteur testamentaire de Lacan, Jacques-Alain Miller, dans un Colloque à Paris organisé par Armand Touati me présentait publiquement ses excuses en tant que représentant des psychothérapeutes, pour le mal qu’il avait pu dire et écrire sur les psychothérapeutes.
Et comme pour ancrer cette nouvelle posture, quelques jours plus tard, j’étais invité à ouvrir le Colloque internationale de psychanalyse organisé par le même Jacques-Alain Miller qui développa, une nouvelle manière de penser la célèbre phrase de Lacan qui fut souvent au fondement de la disqualification des psychothérapeutes par les psychanalystes :
« La psychothérapie, peut faire quelques biens mais ramène au pire ».
Passons rapidement sur ce point anecdotique de l’histoire, pour noter que depuis ce temps je n’ai plus observé ni d’articles ni d’émissions qui opposent la psychanalyse à la psychothérapie, la première devenant un courant de la seconde lorsqu’elle n’est pas purement une psychanalyse, dont elle revendique néanmoins l’extraterritorialité.
En revanche le débat s’est déplacé, dans une opposition entre courant de la psychothérapie, plus précisément entre la psychanalyse et les TCC, à la suite d’une publication par l’Inserm sur l’évaluation des psychothérapies qui laissait à penser que les TCC étaient les plus performantes et la psychanalyse la moins efficiente. Dès lors le débat une fois encore était relancé par J.A. Miller, dans un Forum Anti-TCC, dont je déclinais l’invitation. En effet, en contre point à cette initiative, j’avais préféré organiser le 18 juin 2005, à Paris une « Controverse sur la psychopathologie clinique du Sujet » autour d’un mot d’ordre : « pour un débat sur la psychothérapie sans exclusive ni exclusion », en vue de rassembler les points de vue plutôt que de les opposer. J’avais d’ailleurs écrit à J.A. Miller pour qu’il y participe, mais j’ai reçu de sa part une fin de non recevoir à la mesure de la virulence des propos qui ont fait l’objet d’écrits marquant à tout jamais la polémique comme : le Livre Noir de la Psychanalyse.
Depuis, je n’ai eu de cesse chaque année de provoquer des Controverses pour faire avancer la recherche sur la psychopathologie en vue de faire rapprocher les concepts. Jusqu’à un nouveau débat introduit cette fois par Michel Onfray très critique envers la psychanalyse, ce qui m’a conduit à penser qu’il était temps aussi que celle-ci se remette en question et qu’elle s’organise autour de ce qui la rassemble plutôt que ce qui la divise.
C’est pourquoi ma dernière initiative en ce sens a été de créer début 2010, en tant que psychologue et psychothérapeute, le C.F.D.P.**, afin de fédérer tous les psychothérapeutes ou les praticiens qui veulent acquérir ce titre, dans ce même esprit de nous rassembler sur ce qui nous réunit au delà de ce qui nous divise.
Il est question aujourd’hui de penser la Psychanalyse du XXI° siècle, dans une perspective d’union plutôt que de division, afin qu’elle soit moins dogmatique et orientée par les égos de leurs théoriciens et plus préoccupée par la pratique des patients et des analysants. Sans doute que les gardiens du temple, crieront au blasphème, voire à la perversion (l’a-père-version) de la psychanalyse, mais pour autant je pense que c’est une aventure à tenter pour faire avancer celle-ci dans un avenir qui ne la conduise pas à sa disparition.
C’est ce que je défendrai lors du Colloque de consensus, le 21 Septembre 2013 au FIAP de Paris, organisé par le C.F.D.P.