Rien d’étonnant que le genre fasse polémique, voire rumeur, pour deux raisons : d’une part parce qu’il s’agit d’enjeu sociétal et non social et d’autre part parce que c’est diffusé avec tant de flou que cela fomente tous les fantasmes.
L’évolution d’une société ne se décrète pas, elle s’accompagne et souvent durant le temps d’une génération, c’est là tout l’enjeu sociétal.
Le gouvernement vient de le découvrir à ses dépends avec ses lois sur la famille. Ce qui ne veut pas dire qu’il a eu tord d’agir ainsi, car en fait en posant la problématique sur la place publique, il a accéléré le processus de réflexion, en espérant pouvoir en faire plus rapidement un enjeu social qu’est notamment l’égalité entres les hommes et les femmes.
Mais pour cela, il aurait fallu que les Ministres en charge de cette évolution soient capables d’expliquer clairement ce qu’il cherchait à faire. Or, pour le moins, ce n’est pas le cas de celui l’Éducation Nationale qui peine à expliquer son « ABCD de l’égalité », faisant ainsi le lit à ses adversaires politiques.
Pourtant c’était très facile à expliquer, et les religieux les plus retords en seraient convaincus.
De quoi s’agit-il ?
Le genre, féminin ou masculin, est à dissocier de la sexuation garçon / fille.
On ne peut guère faire plus simple. Notons, même que le Livre fondateur de notre civilisation judéo-chrétienne et musulmane l’avait déjà prédit puisqu’il y a deux textes de la Genèse, l’un métaphoriquement machiste (Genèse 2) qui souligne la domination de l’homme sur la femme, en soutenant que la femme est issue de la côte du premier homme, et l’autre (Genèse 1) égalitaire soulignant que le Créateur aurait conçu l’Humanité à son image et les fit homme et femme en même temps ; c’était déjà les prémices de l’étude du genre.
Je fais remarquer au passage que les religieux ont jusqu’à présent, et depuis plusieurs milliers d’années, insisté sur le deuxième plutôt que le premier. C’est un juste retour des choses qu’au XXI° siècle on en vienne dans les pays dit modernes, à l’égalité entre les hommes et les femmes.
Or, ce genre de distinction conceptuelle de notre société en a accepté plusieurs avec la même résistance et aujourd’hui elles font partie de notre normalité. Pensons à la dissociation qu’a introduite la contraception entre la procréation et la sexualité ; de nos jours qui s’en plaint ?
Pensons plus précisément dans l’éducation nationale au fait que la main droite n’est plus la main de l’écriture ce qui durant un temps pas si lointain avait fait aussi couler beaucoup d’encre ; aujourd’hui, ce ne seront pas les gauchers ou les enseignants qui vont trouver cela « anormal ». Il en sera bientôt de même pour le genre, ou la « théorie du genre » (comme dise ses détracteurs).
Le genre, en se distinguant de la sexuation, ne cherche pas à protéger les enfants dans leurs orientations sexuelles, comme le prétendent quelques ténors de mauvaise foi, mais vise à s’attaquer plutôt aux racines sournoises de la domination de l’homme sur la femme, et à faire en sorte que nos bases culturelles, notamment celles induites par l’école, soit bien fondée sur une égalité des sexes.
Par conséquent cela n’a aucune accointance avec l’orientation sexuelle, au contraire, car chacun sait que le désir naissant principalement de l’interdit, refuser cette distinction c’est plutôt créer du désir pour ce qui peut être interdit par des tabous culturels.
Il y a urgence à assainir et clarifier le débat, afin que s’arrête les palabres stériles et infondées, qui ne cessent d’être instrumentalisées par des mouvements conservateurs, réactionnaires voire rétrogrades.
Bien à vous.
Bruno DAL PALU
Président du C.F.D.P.